Lean Startup. Vous avez, peut-être, entendu parler de la méthode Lean Startup dans un forum sur l’entreprenariat ? À une conférence ? Ou encore à une réunion au bureau ?
Personnellement, j’ai entendu ce mot « Lean Startup » la première fois à un évènement pour les entrepreneurs (un hackathon). Le concept avait l’air assez simple. J’ai ensuite participé à des évènements (meetups) dédiés au Lean Startup dans ma ville. J’ai acheté le livre que j’ai lu. J’ai acheté le livre audio (audible) que j’ai écouté. J’ai pratiqué d’autres méthodes comme le Lean ou la gestion de projets agiles, comme Scrum. Au début, Il est bien difficile de comprendre la différence entre ces différents termes et méthodes. Je suis retourné à l’université pour me former à l’entreprenariat… mais là on ne parlait pas de la méthode Lean Startup. Finalement, des années plus tard, avec du recul et de la chance, j’ai compris que je ne comprenais rien. 😉 La méthode Lean Startup nous pousse à voir les choses d’une manière complètement différente. Une manière dont nous n’avons pas l’habitude de voir les choses. Cela remet en cause ce que nous savons, ce que nous avons l’habitude de faire d’une manière profonde et fondamentale. C’est une nouvelle méthode de management.
En effet, j’ai découvert les subtilités, les erreurs courantes, les outils et les techniques de la méthodologie Lean Startup. Je la mets en pratique depuis quelques années maintenant, dans le cadre de mon travail, en tant que chef de projets innovation.
À travers cet article, j’aimerais vous aider à éviter de perdre le temps que j’ai perdu les premières années, de ne pas tomber dans les pièges courants, de clarifier certains mythes et malentendus autour de la méthodologie Lean Startup.
Et surtout vous expliquer avec des mots simples ce qu’est vraiment la méthodologie Lean Startup et comment concrètement vous pouvez l’appliquer dans vos projets, dans la création de votre startup ou le développement de votre entreprise.
Mais d’abord parlons de vous…
Table of Contents
Est-ce que la méthode Lean Startup vous concerne ?
De célèbres entreprises utilisent la méthode Lean Startup : Groupon, AlloResto, Blablacar, Dropbox, Hotmail, Google, Amazon de Jeff Bezos, Twitter, Odeo, Criteo, Flickr et Slack de Stewart Butterfield, Ventes Privées, Le Bon Coin, Zappos et j’en passe… Mais est-ce que la méthodologie Lean Startup vous concerne vous ?
Si vous êtes un entrepreneur, un intrapreneur, un créateur, un startupper, le dirigeant d’une entreprise ou un individu avec un esprit créatif, la méthode Lean Startup vous concerne ! 🙂
Passons en revue, pourquoi la méthode Lean Startup vous concerne, selon les différents profils :
Vous avez une idée ? Vous voulez créer une startup ?
Il peut être difficile de savoir par où commencer. Surtout qu’au démarrage vous n’avez pas beaucoup de ressources, pas beaucoup de temps, pas beaucoup d’argent et vous devez avancer dans des conditions d’extrême incertitude.
Vous pouvez également être tenté de revenir vers vos habitudes de salariés, sur ce que vous savez faire, votre spécialisation… et finalement simplement vous créer un emploi. Un ami avait quitté le salariat pour devenir entrepreneur. Un an plus tard, lors d’un échange, il m’a dit qu’il était effectivement indépendant qu’il gagnait autant qu’avant, mais qu’il travaillait à 150 %. Lorsque je lui ai demandé s’il avait le temps d’avancer sur son idée de produit, son projet, il m’a dit qu’il n’avait, malheureusement, pas le temps ! J’ai eu cette conversation avec plusieurs de mes amis qui se sont lancés dans des aventures similaires. Ils font soit des missions de conseils ou ils ont créé une agence classique.
Nous voyons également une pléthore d’aide pour les entrepreneurs, les banques, la poste, les concours, les aides à la création d’entreprise, les accélérateurs, les incubateurs, etc. Ne soyez pas dupe. Chacune de ses institutions ne cherchent évidemment que leurs propres profits. Aux meilleurs des cas, ils pourront vont proposer un prêt avec un intérêt un peu plus faible, vous vendre des services à des prix un peu plus intéressant, vous donner quelques milliers d’euros au profit de leur communication. Alors faites attention et restez concentré sur le développement de votre produit et surtout le développement de votre marché.
Au début, vous n’avez pas besoin de locaux. Vous n’avez pas besoin d’un statut juridique (SASU, EURL, SA, Sàrl, etc), ni de cartes de visites, ni de logo, ni de site internet pour votre « entreprise ». Pensez uniquement à votre produit et à votre marché.
La méthode de création et de développement de projets Lean Startup peut vous aider à structurer cette pensée et vous aider dans votre démarche de création de startup.
La méthode Lean Startup est le fruit d’années de recherches et de développement dans les grandes universités et sur le terrain. Effectivement, un des piliers de la méthode Lean Startup est basé sur le concept de « développement par la clientèle » (Customer Developement), créé en 2004 par Steve Blank, professeur à l’université de Stanford et UC Berkeley Haas School of Business. Une approché qui a été ensuite éprouvée, développée et enrichit par Eric Ries dans la création et le développement de la startup IMVU (qui a généré des millions de dollars de revenu et employé des centaines de personnes) et dont Steve Blank était d’ailleurs, lui-même, investisseur et mentor.
Alors pourquoi ne pas s’appuyer sur une démarche structurée, qui a été éprouvée par de nombreuses startups et entreprises à succès pour développer votre idée et créer votre startup ?
Vous avez le projet de monter une entreprise ? Vous êtes déjà dans le processus de création d’une entreprise ?
Vu le nom de la méthode, vous pourriez être tenté de croire que la méthode Lean Startup ne concerne uniquement que l’écosystème des startups et encore uniquement les startups de la Silicon Valley, les startups des États-Unis (US) ou les startups technologiques ou innovantes. En réalité, non. Non, cela concerne aussi les entreprises « classiques ».
Dès le moment où vous avez des inconnues, des incertitudes dans votre business et c’est sûrement le cas, vous pourrez tirer bénéfices des concepts et de l’approche Lean Startup. L’approche Lean Startup va vous éviter de perdre du temps et de l’énergie et de gaspiller votre argent grâce à des techniques contre-intuitives, mais très efficaces. Elle va vous permettre de limiter le montant de vos dépenses financières, d’investir votre budget et d’engager vos ressources dans des actions à forte valeur ajoutée pour vos clients et votre entreprise et ainsi réduire fortement vos risques d’échecs et ceci à moindre coût.
L’écosystème d’aide à la création d’entreprise vous pousse vers les schémas classiques : élaborez un plan d’affaires (business plan), menez une étude de marché, des statistiques, des projections sur cinq ans, élaborez un cahier des charges décrivant le produit, le service ou la prestation que vous voulez développer et partez à la recherche de fonds et d’investisseurs. Des ressources très importantes en termes de temps et d’énergies, voir d’argent, sont déjà engagées bien en amont du lancement, de la mise sur le marché du produit, du service ou de la prestation. C’est une grave erreur. Pourtant c’est un schéma classique.
Il y a quelques années, je travaillais dans une société de développement informatique. Nous avions reçu une demande d’une grande entreprise pour concevoir et développer un produit pour des besoins internes. Nous suivions le schéma classique, appel d’offres, offre du prestataire, élaboration des spécifications, conception et développement du produit, tests et livraison. Quelques mois plus tard, le client m’annonçait quelque chose auquel je ne m’attendais pas. Cela m’a fait un choc. « Vous avez fait votre travail, c’est un super produit, mais l’utilisateur final ne veut pas l’utiliser. », me dit le client. Nous étions une équipe de plusieurs personnes et avions passé des mois à concevoir et développer ce produit. Cela m’a fait un choc. Nous avions été payés, etc, mais quelle perte d’énergies, de temps et d’argent. Et vous, vous ne pouvez simplement pas vous le permettre. Pas de clients est équivalent à pas de revenu. Les schémas classiques ne garantissent pas le succès, au contraire. L’agilité et la rapidité, en gardant le client au centre, est la clé.
La méthode Lean Startup balaie les schémas classiques et propose une solution pour gérer les projets adaptés à notre époque actuelle : rapide et changeant. Il permet de réduire le temps de développements et de maximiser la valeur aoutée pour le client, notamment en mettant le produit en contact avec le marché très tôt dans la démarche.
La méthode Lean Startup a passé la frontière du monde des startups et elle peut vous éviter un échec dans votre démarche de création d’entreprise quelque soit votre domaine.
Vous êtes le dirigeant d’une entreprise, cadre ou manager ?
Vous allez lancer un nouveau projet, une nouvelle solution digitale ou une nouvelle application ? Vous vous intéressez à un nouveau marché ? Le concept Lean startup est une forme de management de projets. Vous pouvez l’appliquer dans le cadre de lancement de nouveaux produits, mais aussi pour insuffler un esprit d’innovation au sein de votre entreprise et donner les outils nécessaires à vos équipes pour accomplir la vision de votre entreprise.
Au-delà, d’aller se confronter rapidement à son marché et de mettre en place des techniques et des processus d’innovation, la méthode Lean Startup revoie en profondeur la manière de mesurer les progrès effectués, l’innovation et les indicateurs clés d’une entreprise. Elle propose une nouvelle manière d’évaluer et de comptabiliser l’innovation (Innovation accountability) basée sur des indicateurs actionnables, plutôt que des indicateurs dont l’unique objectif est de simuler le succès et de flatter l’égo (Vanity Metrics).
L’innovation n’est pas que dans les nouvelles technologies ou dans les technologies numériques. Elle ne sort pas uniquement des laboratoires de recherches et de développement. Elle n’est pas que dans l’innovation des modèles d’affaires. Elle se produit à travers le suivi et l’évaluation systématique et rigoureuse des métriques et d’actions adaptées. Et là, je ne parle pas uniquement d’innovation frugale ou d’innovation incrémentale, mais bien d’innovation de rupture, d’innovation disruptive.
Si vous voulez créer une entreprise innovante ou élaborer des solutions innovantes pour votre entreprise, l’approche Lean Startup vous sera utile.
Vous êtes un intrapreneur ou un chef de projets ?
Vous voulez réaliser un projet innovant ? Vous êtes chargé de porter un nouveau projet, une nouvelle offre ? Vous devez créer un nouveau service ou nouveau produit ?
Très probablement, vous êtes familiers à une des méthodes de pilotage et de réalisation de projets suivantes : Design Thinking, Design Sprint, théorie C-K, méthode Triz, Lean Manufacturing, PMI, PMP, Ipma, Cycle en V, Agile, Kanban ou Scrum. En entreprise, nous sommes envahis par différents types de méthodologies et de certifications. On en voit passer pleins sur Linkedin. 😉 Et vous dites, peut-être, qu’est-ce qu’encore la méthode Lean Startup ?
J’ai commencé ma carrière dans une organisation non gouvernementale. Mon job de rêve, moi qui rêvais de changer le monde ! C’était une petite structure où il n’y a avait pas vraiment de règles ou de pratiques de gestion de projets. L’organisation croyait à ce mode de fonctionnement : « fonctionner sans méthodes », mais avec efficacité. C’était la débrouille, faire beaucoup avec peu. Certes, c’était une expérience très enrichissante, mais j’avais envie de m’appuyer sur les bonnes pratiques du marché. Pour combler ce manque, je me suis formé en autodidacte et j’appliquais ensuite les concepts assimilés au sein de cette organisation.
Lorsque j’ai changé d’emploi, j’ai cherché à rejoindre une grande structure avec l’objectif d’apprendre sur le mode de fonctionnement et les bonnes pratiques de gestion de projets de ces dernières et c’est ce que j’ai fait. J’ai appris à livrer les projets à temps, de qualité et dans les budgets, mais c’est là que j’ai découvert que cela ne suffisait pas.
Beaucoup de temps s’écoulent entre l’identification de tous les besoins, l’élaboration exhaustive du cahier des charges et la livraison du produit auprès du client final avec le risque en passant d’avoir mal compris le besoin. Dans tous les projets, il y a une part d’abstraction et ce sont des fois pas les mêmes équipes qui se chargent de toutes les parties d’un même projet. De plus, pour se rendre compte, quelques années plus tard, que le client n’a finalement besoin que d’une petite partie du produit élaboré. C’est là que je me suis intéressé à la culture agile. Aujourd’hui, l’efficacité des pratiques de gestion de projets agiles ne sont plus à démontrer. Elles sont plus rapides, permettent une réactivité plus importante et les cycles de développement sont plus courts.
L’entreprise pour laquelle je travaillais n’avait pas encore investi dans ces nouvelles pratiques, la gestion de projets agiles. Alors, j’ai recommencé. Je me suis formé de mon côté et appliqué les concepts assimilés au sein de l’entreprise. Par la suite, cela m’a ouvert des opportunités. Par exemple, cela m’a permis de mettre en place la première unité travaillant dans ce modèle pour une organisation internationale à Genève.
Mais là aussi, de nouveau, j’ai découvert les limites des méthodes de gestion de projets agiles, comme Scrum ou Kanban. Effectivement, dans la société de consulting pour laquelle je travaillais, j’ai été amener avec un collègue à créer et commercialiser un nouveau service / produit pour les entreprises. Les méthodes de gestion de projets agiles, comme Scrum ou Kanban, vous disent comment créer ou intégrer un produit à partir d’un besoin plus ou moins identifié. Mais toute la partie Business n’est pas inclue.
Si vous voulez en savoir plus sur sujet, je vous invite à lire l’article suivant : Quelle est la différence entre la gestion de projets agile (comme Scrum) et la méthode Lean Startup ?
À la même période, j’avais décidé de suivre une formation en emploi à l’université de Genève. C’était la deuxième année du E-MBA (Executive Master of Business Administration) avec une spécialisation en entreprenariat. À l’époque, il y a avait la possibilité de commencer par la spécialisation avec quelques cours supplémentaires, puis faire le reste des cours de la première année. La formation commence avec le module principal, un cours de 4 ou 5 jours avec le doyen de la formation qui est également un serial entrepreneur. On y apprend une méthode qu’il a développé basée sur son expérience pour créer un dossier d’opportunité. Le dossier d’opportunité est comme un plan d’affaires (business plan), mais avec quelques variations. Ce cours est la base de la formation, viennent, ensuite, les cours classiques d’un EMBA comme la comptabilité, le marketing, la finance, etc. L’objectif du dossier d’opportunité est donc de pouvoir défendre son projet devant des potentiels investisseurs, qu’ils soient externes dans le cas d’une startup ou internes dans le cadre d’un projet en entreprise. Mais là aussi l’approche est assez classique et différente de l’approche Lean Startup. Encore une fois, je l’ai appliqué dans le cadre de mes projets en entreprise et j’ai découvert les limites de l’approche classique. Dans cet article, j’explique la différence entre la méthode classique et la méthode Lean Startup pour convaincre un investisseur que cela soit un investisseur externe ou le directeur financier de votre entreprise.
N’attendez pas que l’on vous dise quoi faire, ni de la part de votre organisation, ni de la part d’une institution académique, les ressources de connaissances sont aujourd’hui abondantes. Si une méthode a raisonné en vous, formez-vous, mettez-la en pratique et évaluez ensuite si vous avez fait le bon choix.
Qu’est-ce que la méthode Lean Startup ?
La méthode Lean Startup a été développée par l’entrepreneur Eric Ries dans les années 2008. Eric Ries est un serial entrepreneur de la Silicon Valley. Ries a vécu plusieurs échecs dans le monde des startups, en tant que fondateur ou employé dans des startups prometteuses.
Dans le cadre de sa nouvelle aventure, la startup IMVU, il a décidé de s’appuyer sur les derniers travaux de recherches sur l’entreprenariat du professeur Steve Blank et les concepts et méthodologies existantes de diverses industries, comme le Design Thinking, le Lean Manufacturing et la gestion de projets agiles, pour développer et lancer sa nouvelle startup. Il a ensuite consolidé ces différentes recherches, concepts et méthodes, adapté ces concepts au monde de l’entrepreneuriat et surtout il a expérimenté ces idées sur le terrain dans le développement de sa startup. Sa startup est devenue une scale-up, une véritable entreprise avec un revenu de plusieurs millions de dollars par an et le Lean Startup est devenu un véritable mouvement.
Aujourd’hui, la méthode Lean Startup est largement utilisé dans le monde des startups et également utilisé par des grandes entreprises établies pour lancer de nouveaux produits. La méthode Lean Startup est une méthode scientifique pour développer un produit innovant que veulent vraiment les gens, maintenir et développer une culture d’innovation au sein de l’entreprise.
Le nom de la méthode Lean Startup tire ses origines du Lean Manufactorting (ou encore appelée pensée Lean). On retrouve d’ailleurs un certains nombres des techniques du Lean dans le Lean Startup, comme le Plan-Do-Check-Act (PDCA, la roue de Deming) ou encore la technique des cinq pourquoi (five whys).
L’approche Lean est une démarche d’amélioration continue qui nous vient du monde industrielle. Elle est utilisée dans l’industrie automobile (Peugeot, Renault, etc.), autres grandes sociétés industrielles (secteur pharmaceutique, etc.), mais également dans les grandes sociétés de service comme les banques. Effectivement, l’approche Lean a de nombreux dérivés comme le Lean Healthcare, Lean Management, Lean Production ou encore le Lean IT.
L’approche Lean a été créée à l’origine par l’entreprise Toyota, plus précisément par des ingénieurs, comme Taiichi Ōno et Shigeo Shingo, inventeurs et experts des principes comme le Genchi Jembutzu et le Juste-à-temps (Just-in-Time) ou encore des méthodes comme le Kanban et le Toyota (Motors) Production System, appelé plus tard Lean Manufactorting.
Après la seconde guerre mondiale, le Japon devait se reconstruire rapidement et relancer son économie. L’entreprise Toyota était au bord de la faillite. Taiichi Ōno, ingénieur chez Toyota, met au point une méthode, le Lean Manufactoring qui permet d’accélérer les cycles de production de l’entreprise, de sauver l’entreprise et lui donner quelques années plus tard un rôle économique mondiale important.
L’objectif principal du Lean Manufactoring est d’augmenter les capacités de production tout en garantissant un produit final de qualité au client. Les principes de bases du Lean Manufactoring sont basés sur l’amélioration continue et l’élimination du gaspillage. Lean signifie littéralement « maigre », « sans gras » ou « dégraissé ».
Quelle est la différence entre le Lean et le Lean Startup ?
Eric Ries part du principe qu’aujourd’hui, nous n’avons plus de problème de production. Nous n’avons pas de problèmes à produire un nouveau logiciel ou une nouvelle application, par exemple. Nous avons d’excellentes capacités de production. Le vrai problème et le vrai gaspillage au sens « Lean » du terme est de réaliser un produit que personne ne veut ou un produit qui est très peu utilisé.
L’objectif de la méthode Lean Startup n’est pas de réduire les cycles de conception des nouveaux produits ou services. Il n’est pas non-plus de réduire le nombre de fonctionnalités inutiles. L’objectif est plus catégorique. Il est plutôt de ne pas gaspiller du temps, de l’énergie et de l’argent à concevoir un produit que personne ne veut très en amont du lancement et même avant la conception du produit. Dans la méthode Lean Startup, l’objectif n’est donc pas de réduire ou de minimiser le gaspillage en temps et ressources, mais de le supprimer. Un gaspillage de temps et d’énergies qui peut être fatale à une startup ou au lancement d’un nouveau produit au sein d’une organisation existante.
La méthode Lean Startup comprend, par exemple, différentes techniques qui permettent d’éviter de dépenser trop d’argent en amont du lancement et perdre du temps. Des outils qui permettent de tester et valider une idée de produit avec un investissement initial minimal, ainsi agir vite et gagner du temps.
Le principe du Lean Manufactoring est d’améliorer les processus existants d’une ligne de production. Beaucoup de personnes pensent que le Lean Startup est donc l’application de ce concept dans le cadre d’une startup. Et du coup, le principe est d’améliorer son produit au fur et à mesure des retours des clients. Et elles limitent la méthode Lean Startup à cette fausse définition.
Ces mêmes personnes basées sur cette fausse définition affirment que :
- La méthode Lean Startup n’est pas adaptée aux idées disruptives.
- La méthode Lean Startup casse la vision à long terme, celles qui nécessitent plus de temps pour éclore, celles qui ont un certains besoins de gestation.
- La méthode Lean Startup contredit la fameuse citation d’Henry Ford : Si j’avais demandé aux gens ce qu’ils voulaient, ils m’auraient répondu des chevaux plus rapides. Etc.
Mais c’est faux ! Ce n’est pas ça. Le principe de l’approche Lean Startup est de tester votre vision, votre idée disruptive, d’une manière itérative. Vous allez faire des expériences et observez ou mesurez la réaction de votre marché. Vous n’allez pas simplement demander à vos clients ceux qu’ils veulent. La méthode Lean Startup vous permet de dépenser votre énergie, votre argent et votre temps aux bons moments de l’avancement de votre projet. Elle vous évite ainsi de gaspiller vos ressources précieuses et de mettre fin à votre idée d’innovation disruptive.
Voici une vidéo pour compléter cette section : Qu’est-ce que la méthode Lean Startup ?
Est-ce que la méthode Lean Startup fonctionne ?
La méthode Lean Startup n’est pas une méthode miracle. Elle ne va pas transformer votre simple idée en une startup à succès, juste parce que vous appliquez la méthode Lean Startup ou rendre votre projet en entreprise indestructible. Non, cela n’existe pas. 🙂
Par contre, comme un coach, elle vous guidera, vous donnera un cadre et les outils pour progresser et correctement évaluer vos progrès et vous aidera à naviguer dans ce contexte d’extrême incertitude qu’est le lancement d’une startup ou d’un nouveau produit en entreprise. Et effectivement, vous allez vous sentir plus fort. 😉
Les principes du Lean Startup reposent sur le fait que le nombre important d’échecs dans le monde des startups vient du fait que l’on essaie d’utiliser les mêmes outils et méthodes que dans une entreprise traditionnelle. La méthode Lean Startup propose une approche et des outils adaptés qui ont déjà fait leurs preuves pour de nombreuses entreprises : Dropbox (article), Uber (article) ou AirBnb (article vidéo).
Today another founder from a year ago showed up. I asked him if he had any advice for the current batch. Want to guess what it was?
« Be really lean. »
— Paul Graham (@paulg) August 17, 2019
La méthode Lean Startup est uniquement pour la phase en amont du projet
On pourrait croire que la méthode Lean Startup permet uniquement de valider une idée. La méthode est une suite de maquettes et de prototypes (POC) que l’on va aller faire tester aux potentiels clients. Une fois que l’idée est validé, c’est bon. On peut créer la société. On peut passer à l’étape suivante. On peut aller de l’avant. On peut enfin se lancer dans la réalisation du produit. On trouve des investisseurs. Etc.
Votre produit va effectivement passer par différentes phases. Effectivement, on ne fonctionne de la même manière et pas avec les mêmes outils lorsqu’on est dans une phase de validation de la solution (Problem Solution Fit), lorsqu’on est dans une phase de recherche d’adéquation produit / marché (Product Market Fit) ou de croissance (Scale).
Mais vous pouvez utiliser la méthode Lean Startup et ses outils pour ces différentes phases. La méthode Lean Startup n’est pas juste une suite de maquettes et de prototypes que l’on va tester avant de démarrer le projet, mais bien des produits consécutifs que l’on va tester et tester en continu pour valider des hypothèses tout le long et dans toutes les phases du projet.
Les 3 étapes pour se lancer avec la méthode Lean Startup
Ok super tout ça, mais concrètement comment commencer avec la méthode Lean Startup ? C’est ce que nous allons voir dans cette section !
L’idée et votre vision
Le succès ne vient pas du jour au lendemain. Les films et les magazines nous renvoie souvent l’image de l’entrepreneur qui a une idée, qui trouve des investisseurs et créer une startup qui attire des millions d’utilisateurs et génère des millions de dollars. La réalité est beaucoup moins flatteuse et un peu plus complexe. C’est une suite de nombreux essais, erreurs et échecs qui nécessite beaucoup de patience et de résilience. Mais une chose est vraie c’est que tout commence avec une idée.
Au fil des années, j’ai démarré de nombreux projets, en tant que salarié ou entrepreneur. Je me suis rendu compte de l’importance de créer une vision. Elle toute aussi importante que l’exécution, elle-même. Une vision claire et attirante du futur que vous aimeriez créer va vous aider à tenir dans les moments difficiles et vous motiver.
Posez-vous les questions suivantes :
- Pourquoi voulez-vous démarrer ce projet ? Écoutez-vous, écoutez votre propre réponse, et posez-vous de nouveau cette question : Pourquoi ? Pourquoi est-ce important pour vous {votre réponse précédente} ? Faites l’exercice en vous posant cette question au moins 5 fois : Pourquoi ?
- Quel est votre but ? Quel est votre objectif d’ici 3 ans ? Représentez-vous le succès d’une manière imagée d’ici 6 mois ? Que voyez-vous ? Que voyez-vous d’ici 3 ans, 5 ans et 10 ans ?
- Êtes-vous passionné par le sujet dans lequel vous entreprenez ? Effectivement, vous passerez les prochaines années de votre vie à travailler sur ce sujet.
La méthode Lean Startup n’est pas uniquement une « méthode d’amélioration continue » et l’idée n’est pas uniquement de multiplier les itérations et le rythme de développement, mais une méthode d’amélioration continue dans la construction d’une vision et la construction d’un meilleur futur. Le principe est de viser grand en commençant petit.
Si vous lisez cet article, à ce stade, vous avez déjà probablement une idée. Si ce n’est pas le cas, je vous invite à lire cet article dans lequel je vous explique la première étape pour générer une idée et d’ailleurs plusieurs idées.
Mais avec le pouvoir (de l’idée) vient également de lourdes responsabilités. 😉 Celles de ne pas y croire aveuglément. Ne pas croire que son idée est parfaite, mais plutôt considérer votre idée comme l’idée de départ.
Valider la problématique
Effectivement, comment ne pas tomber dans le piège de croire que son idée est parfaite ? Que c’est la solution idéale à un problème donné et que forcément les gens vont adorer. Comment faire pour ne pas se laisser aveugler par son idée ?
Posez la question aux gens ? Non, c’est plus subtile que cela. Votre idée innovante est par définition trop abstraite pour les gens. Vous n’obtiendrez pas de réponses intéressantes et actionnables.
D’autre part, vous vous êtes donné beaucoup de peine pour générer cette idée. À ce stade, il y a d’autres personnes qui se sont impliqués dans votre projet. Il est difficile de se remettre en question. N’est-ce pas ? Mais c’est peut-être cette capacité à mettre votre égo de côté qui va vous permettre de devancer votre concurrence.
Alors que faut-il faire ? Effectivement, allez sur le terrain, allez à la rencontre de votre marché, mais avec l’état d’esprit d’un explorateur et pas celui d’un vendeur. Rencontrez vos futurs utilisateurs, vos potentiels clients, votre marché, mais ne leur parlez pas de votre solution.
Voici ce que vous devez faire :
- Identifiez les problèmes auxquels devraient répondre votre solution.
- Ensuite, vérifiez et essayez de valider si les problèmes imaginés existes dans la tête de vos potentiels clients. Vous serez probablement surpris.
Téléchargez gratuitement le guide « Entreprendre pas à pas et avec efficacité« , je partage avec vous, dans ce guide, différentes techniques pour valider le problème.
Si vous tenez un vrai problème, bravo ! Vous pouvez passer à la troisième étape : Itérez et apprendre.
Itérez et apprendre grâce aux produits minimums viables (PMV) ou, en anglais, Minimum Viable Product (MVP)
La troisième étape est en réalité une boucle itérative. Les itérations sont courtes et successives. L’objectif est de rapidement mettre un produit sur le marché et d’apprendre. Encore une fois, il faut aller sur le terrain. Allez à la rencontre de votre clientèle ou plutôt à la découverte de votre clientèle. Sortez de votre bureau. Sortez de chez vous. Collectez les informations directement auprès de vos utilisateurs.
Nous avançons avec notre regard d’explorateur ou comme un scientifique qui va mélanger différents produits chimiques et observer la réaction de ces différents éléments. Nous allons mettre notre produit à disposition de notre marché et observer sa réaction, sur le terrain, face au produit, collecter les retours clients.
On rentre de ce cycle itératif avec une idée de départ que nous allons éprouver face à notre marché, cette fois grâce à un produit minimum viable : PMV, ou autrement en anglais, le Minimum Viable Product : MVP. L’objectif est l’apprentissage.
Nous allons, en réalité, construire plusieurs produits consécutifs (MVPs) pour tester des hypothèses d’une manière itérative.
Quelques exemples d’hypothèses à valider :
- Est-ce que les utilisateurs sont prêts à payer pour une solution ? Et combien ?
- Est-ce que nous arrivons à attirer suffisamment de visiteurs via nos canaux d’acquisition ?
- Pendant combien de mois ou d’années un utilisateur utilise-t-il notre solution et à quelle fréquence ?
- Quels sont les messages qui convertissent le mieux ? Call to action, visuels ? Etc.
- Est-ce que mes canaux d’acquisition clients démontrent une croissance suffisement intérssantes ?
Voici quelques exemple de ce que nous pourrions découvrir :
- Les utilisateurs ne sons pas intéressés par un produit payant pour résoudre ce problème. Ceci nous évite de perdre du temps et nous évite de créer un produit qui n’a pas de marché, très en amont du lancement.
- Cela va nous permettre d’identifier les fonctionalités les plus utilisées et de développer cet axe.
- Cela va nous permettre d’identifier les canaux qui fonctionnent le mieux et d’optimiser notre contenu, produit, message pour ces canaux d’acquisition.
- Cela va nous permettre de valider notre Business Model et le prix de notre produit.
Il est très important de se concentrer sur les fonctions essentielles qui vont nous aider à valider certaines hypothèses très spécifiques. Il faut supprimer toutes les démarches et fonctionnalités superflues.
Un MVP peut également être le résultat d’une collaboration avec un partenaire. Chaque MVP peut donc être un nouveau partenariat pour tester des hypothèses précises. Cela permet ainsi de réduire les coûts. Si vous voulez-vous en savoir plus plus sur ce sujet, je vous invite à lire cet article : Qu’est-ce que l’Open Innovation (Innovation ouverte) ?
L’objectif est d’essayer d’investir le minimum, en terme de budget et de temps, tout en maximasant la valeur pour le client final. Il ne sert à rien d’automatiser toute une partie du produit si l’utilisateur n’est pas intéressé par le fonctionalité en question.
Il ne sert à rien, non plus, de réflichir longuement à une problèmatique donné et d’analyser les solutions, si aucune occurence de ce problème ne se produit dans la réalité ou une occurence si faible que la solution sélectionnée à ce problème est disproportionnée et, encore plus, le temps passé, éventuellement de longues semaines, à échanger, analyser et réfléchir pour arriver à cette solution !
Selon l’avancement de votre projet, votre MVP peut prendre différentes formes :
- Un prototype ou une maquette pour tester la demande et les réactions de l’utilisateur lors d’une interview.
- Un MVP Concierge, une interface « Fake » qui propose un service, mais que le service derrière est rendu d’une manière semi-automatique. Ceci afin de tester l’intérêt des utilisateurs avant de se lancer dans l’automatisation du service.
- Une vidéo qui renvoie vers un site internet pour capturer l’email de l’utilisateur afin de tester l’intérêt d’une telle solution. Cela vous permettra également de pouvoir intérrogé les personnes inscrites et de constituer une liste.
- Un questionnaire sur Typeform ou SurveyMonkey que l’on va partager sur les réseaux sociaux
- Une publicité sur Google Ads, une publicité sur Facebook Ads
- Faire des tests A / B des messages, accroches, visuels via Google Ads ou des outils de création de pages d’atterrisages (Landing Page)
- Un email à votre liste email via votre CRM ou une sous-catégorie de votre liste email
- Un article invité sur un blog influent, une collaboration avec un influenceur
- Une application mobile ou une application web, un logiciel
- Une marketplace en ligne
- Un site e-commerce
- Un restaurent
- Un produit physique
- Un service logistique
- Une formation en ligne ou une formation en présentiel
- Une prestation
- Proposer du coaching
- Une solution technologique innovante
- Etc.
Nous allons tester différentes parties de notre solution, au fur et à mesure, selon l’avancement de notre projet et l’étape dans laquelle nous nous trouvons. Pour un même produit, nous pouvons créer et tester des MVPs dans plusieurs et différentes formats mentionnés, ci-dessus.
Un MVP n’est pas juste une suite de maquettes ou de prototypes, ni le fait de créer une ébauche de notre produit final, mais bien le fait de tester différents produits d’une manière consécutives pout tester des hypothèses d’une manière itérative.
Vous voulez en savoir plus sur le produit minimum viable (PMV / MVP) ? Je vous invite à lire l’article : Qu’est-ce qu’un produit minimum viable (PMV) ou, en anglais, Minimum Viable Product (MVP) ?.
Sur la base des apprentissages que nous allons faire à chaque itération, il faut ajuster le produit (MVP), le changer légèrement ou faire un pivot, c’est-à-dire, de complètement changer de stratégie.
Quelques exemple de pivot :
- Adapter légèrement le produit (MVP), mais attaquer un marché complètement différent
- Se concentrer sur un segment spécifique du marché initial, mais changer complètement le produit (MVP)
- Changer de modèle économique, mais rester avec le même produit (MVP) et le même marché
Il est aussi possible que les résultats nous indiquent d’arrêter les frais et d’abandonner complètement les pistes que nous sommes en train d’explorer.
Mais comment savoir quand itérer, pivoter ou s’arrêter ? Il faut mettre en place des points de mesures pertinents, mesurer l’avancement réguilièrement et évaluer ces données d’une manière adéquate. Il faut égelament savoir à quelle étape nous sommes dans la vie de notre projet.
Il ne faut pour autant éviter de suivre trop de metrics en même temps, de se noyer dans les données et ne plus y voir clair, et surtout ne pas se faire berner par les Vanity metrics.
Mais comment faire ? C’est ce que nous allons voir ensemble à la prochaine section : les 3 étapes de votre marché.
C’est un élément très important de la méthode Lean Startup. Pour en savoir plus sur le sujet des indicateurs et déterminer des KPIs pertinents, je vous invite à lire l’article suivant : Tableau de bord, indicateurs, KPIs pour assurer la croissance de votre start-up ou projet innovant : la solution de Ash Maurya dans son livre Scaling Lean
Hyper complet ! MErci pour ce retour sur cette logique parfois contre intuitive ! https://je-suis-commercant.fr/methode-vente-mettre-dans-la-main/
Merci Cédric ! 🙂
Wouaw, ton article est vraiment très complet!
Merci pour cette découverte!
Je vais suivre ça de plus près 🙂
Merci Angélique ! 🙂